REQUISITION DES PAYSANS EN 1783 dans le voisinage du Creusot (1/9)
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Un peu d'histoire
le 19/06/2020 à 16:16 Citer ce message
REQUISITION DES PAYSANS EN 1783 dans le voisinage du Creusot
pour le transport du matériel nécessaire à la construction des hauts fourneaux
A la fin du XVIIIème siècle, on ne savait en France couler la fonte que dans des hauts fourneaux chauffés aux charbons de bois.
L'extension de cette industrie laissait entrevoir un risque de pénurie de ce matériau indispensable. En Angleterre, certains métallurgistes maitrisaient une technique révolutionnaire. Ils savaient couler la fonte dans un haut fourneau chauffé au charbon de terre.
Soucieux de rattraper ce retard technologique, différents scientifiques furent envoyés en Angleterre et chargés d'étudier cette nouvelle technologie.
Après de multiples péripéties, il fut finalement décidé en 1781 d'établir une fonderie au lieu dit "Le Crozot" dans la vallée de la Charbonnière à côté de Montcenis.
En quatre ans , est batie la plus importante usine sidérurgique d'Europe. La Fonderie Royale du Creusot est une des premières grandes entreprises à actionnariat privé. (Le roi Louis XVI n'est actionnaire que tardivement et de façon secondaire). La Société fut finalement créée en 1782 sous le nom de "PERRIER, BETTINGER et Compagnie". Les financiers principaux étant MEGRET de SERILLY et BAUDART de SAINT JAMES, l'un et l'autre trésoriers généraux et administrateurs de la Caisse d'Escompte. A cette société, participe Ignace François de WENDEL, officier d'artillerie connu pour ses talents et ses connaissances en métallurgie. C'est lui d'ailleurs qui a véritablement "monté le dossier" avant d'y intéresser les financiers. Pierre TOUFAIRE, Ingénieur des bâtiments civils de la Marine à ROCHEFORT dresse les plans de l'établissement et veille à sa construction.
Une construction aussi importante nécessite une main d'oeuvre nombreuse et spécialisée qu'il est impossible de se procurer sur place. Une centaine de terrassiers est recrutée en Auvergne pour niveler le fond de la vallée. D'autres ouvriers viennent de Lorraine. En 1783, 500 ouvriers sont rassemblés au CREUSOT. A la fin, on en dénombre environ 1100. Les travaux réalisés par les frères RAIMBEAUX, entrepreneurs, commencent au début de l'année 1782 pour s'achever 4 ans plus tard. La première mise à feu des hauts fourneaux a lieu le 11 décembre 1785. Bien évidemment, une telle entreprise nécessitait des moyens de transport considérables. Ces transports devaient être assurées par les paysans locaux dont la bonne volonté n'était pas évidente. Grâce à des documents retrouvés aux Archives Nationales par Madame BUVELOT, responsable de l'Antenne de PARIS du C.G.S.L., il a été possible de retrouver la liste de réquisition de ces paysans. Ce document vous fournit des indications précieuses sur le peuplement des villages qui entourent Le CREUSOT. L'examen de l'Ordonnance du Roi ainsi que les décisions prises par l'Intendant FEYDEAU nous montre comment fonctionnait l'administration à la fin de l'Ancien Régime.
Patrick NOTEL
Notes relatives à la recopie du document :
- l' orthographe originale a été partout respectée...aux erreurs de lecture ou omissions près.
- les signes monétaires sur original sont un # pour livre, un s et un d très déformés pour sol et denier (1livre = 20 sols , 1sol = 12 deniers).
Texte figurant sur l'exemplaire des ordonnances conservées aux AD à MACON.
Le Syndic de la Paroisse de MARMAGNE fera publier l'ordonnance cy-contre dimanche prochain 17 du présent mois à l'issue de la messe paroissiale en conséquence de quoi le particulier tenant bête de trait dans la paroisse sera tenu de se trouver avec chards et charrettes le lendemain lundi 18 et jours suivants à 8 h du matin dans le bois de La Marolle et dans celui du Crôt pour y charger du moelon et le conduire sur la plate-forme de l'établissement dans la valléee de la Charbonnière pourquoi lui sera payé le prix convenu par chaque toise cube de Roi et en cas de refus de la part d'aucun desdits particuliers le syndic en rendra compte au sub-délégué soussigné conformément à laditte ordonnance.
Montcenis le 14 août 1783
Nota : même ordonnance a été envoyée au BREUIL, à TORCY et à MONTCENIS
(à suivre)
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